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1Monsieur, jay receu la votre du jourt dhyer, veu la coppie de la lestre que sa majesté vous ha escripte, pareillement celles de
2messieurs d’Evènes et Chastellart, lesquelles je vous remercye grandement, resiouy que je suis des bonnes nouvelles que
3le sieur de Mauvissières ha rappourtées et de ce que les malhereuses menées des ennemys du repous de ce royaulme soyent
4descouvertes sans reussir celon leurs perfide intention, lesquelles toutz princes, seigneurs et gentislhommes doyvent
5tant plus abbhorées, estant telz artifices si detestables que toutz ceux qui ont la crainte de Dieu lont en grandissime
6horreur. Je masseure que les princes d’Allemaigne et aultres estrangiers leurs veullent pour le jourdhuy aultant de
7mal pour les veoyr persister en leurs obstinations, comme ilz se devroyent repantyr davoyr estés si promptz pour
8le passé à les secouryr ; car la persuasion que telz desesperés font au peuple de seslever touche generallement à
9toute la noblesse. Ceux de Saverne que le duc de Lorrayne deffit peuvent servir dexemple à ceul qui voudroyent
10reprendre ces mauvaises toisées. Et si tant estoit quil y en eust encores dulcerés qui fussent compousées dune si
11pernitieuse vollonté, ilz cen devroyent despartyr pour jamays, ayant desia estées deschargées des tailles extraordinaires
12estant aussi sadicte majesté à mesmes par bonnes reformations, à les [mot barré] soulaiger des insupourtables despences
13quilz ressoyvent par les gens de guerre estant ce me semble le vray moyen dassoupir toutes ces malhereuses guerres
14civilles ; et que le peuple, à mon advis, ce despartira de toutz complotz sinistres pour randre lhobeyssance naturelle
15quilz doivent à sadite majesté. Et en cas de refus, que Dieu ne veuille, elle, par son espargne, ce trouvera en moyens de les
16ranger avec la fource, ce que je me prometz quil fera aysement en Languedoc et ce païs, si les aultres provinces
17ce que le dit sieur de Chastellart vous touche des languaiges que le roy luy tint de vous, lesquelz ilz fit entendre à la
19royne sa mère, dont il vous en donnast advis par un forrier ou aultre de la maison de monsieur le mareschal
20de Damville, ce doubtant que sur ce faict du conte de Gayas, estant le subiect sur la venue des Suisses en votre
21gouvernement. Il est bien vray que par la votre du XIXe du passé, me donniés advis comme le sieur d’Hautefort,
22ambassadeurs pour sa majesté en Suisse, vous avoit escrit une lettre de laquelle vous aviés envoyé coppie à sa dite
23majesté, affin quelle cogneut loccasion quelle pourroyt avoyr de ce doulloyr du traictement que les Suisses ont
24receu en votre dit gouvernement, bien que je ne vous repliquasse rien à la votre du XIXe, je nen estoys pour cela
25bon gré du gratieux et doulx traictement que lesditz Suisses receurent par votre moyen en ce pays lon adheroyt
28[76 v°] aux impoustures et fauces callomniations de certains qui vous sont mal affectionées, dont jaccuse le
29principal autheur celuy qui est si longuement oppiniastre à la court pour estre employé à la negotiation
30de la paix de ce païs, et possible que monsieur le chancellyer qui faict profession damityé avec luy ce
31trouveroyent de la caballe [mots barrés] saysi ledit seigneur ambassadeur nayant seu marié sa fille par le moyen de
32de Mombrun, et que par ce moyen, ilz demourdroyent de la meffiance en laquelle, sans occasion, ilz ce
35sont layssés saisir et que toutes chouses pacifieroyent en ce dit païs dont sa magesté sus ceste
36nouvelle occasion auroit possible promys audit seigneur sil en estoit le ministre, quil le reintegreroit
37à sa charge pretendue, dont le sieur Fernillier, que je nay point veu, auroit desgrossy les affères ;
38mais que cecy ce rappourte aulcunement au discours quil vous fit quen playne table au grison le sieur
39lequel nen parlat jamays, mays ledit Fermillyer pansoyt par là tirer quelque chouse pour
41favoriser son entreprise. Je neus jamays tant de regret à chouse de ce monde que ledit Fermillyer ne
42fut arresté en quelque lieu revenant devers le sieur de Mombrun, affin quon heu veu ce quil portoit.
43Monsieur d’Evènes ce souviendrat bien de ce que je luy en dis plusieurs foys. Je massesure quilz metront
44au devant audit sieur de Mombrun comme ce luy sera grant honneur destre lieutenant du gouvernement de
45ni quoy quadvienne. Je marreste à ce que ledit sieur de Chastellart vous escrit que toutz les grandz et
47petitz lèvent voz actions, aussi que ne vous donnés pas grant peyne ny peur du contrayre. Je nay point
48receu la lettre que monsieur d’Evènes dit mavoyr escrit du XVIIIe du passé. Jay veu la responce du sieur de
49Monbrun, aussi impertinente que les siennes aultres precedantes. Je salue voz bonnes graces par mes
50très humbles recommandations, priant Notre Seigneur vous donner,
51monsieur, en très bonne sancté longue et hereuse vye. Au Montelimar, ce premier febvrier
52Le sieur du Pègue estoit venu icy en desliberation de vous aller faire certaynes plainctes de ceus de Toulignan qui le mena(ssent)
53de le faire demetre de sa charge. Despuis, il cest advisé de sen retourner, mays me
54prye de le vous faire savoyr. Il vous escrit une lettre que je vous envoye.
55Vostre très humble filz et à jamays très
56hobeissant serviteur
57hourche
58soit en bonne sancté. Il vous plairra vous ressouvenyr de ce gentilhomme qui passat vers le sieur de Toyauls,
60allant devers ledit sieur de Mombrun de la part de monsieur le chancellyer qui luy avoit deffendu de ce bien
61guarder que vous neussiés cognoyssance de son voyage. Je masseure que messieurs d’Evènes et Chastellart en
62venyr pour lestablissement de la paix, car les ennemys vollent journellement et tuent des charretiers auprès
64de La Berre.